Nouvelle écrite par les élèves de TPBL du pôle Camille Claudel
On les a laissés partir.....
Une pluie fine s'abattait sur le pavé irrégulier de la place de la Réunion. Une centaine de personnes se tenait debout devant le temple. L'air hagard, le regard vide comme sorti d'un cauchemar. Des vieillards, des invalides, des femmes, des enfants, des familles sorties de nulle part, qui n'avaient pas eu la possibilité de fuir en 1939 vers le sud -ouest.
Leurs larmes de peur s'écoulaient le long de leur visage pâle et fatigué.
Les quelques paroles qui s'échappaient de leur bouche étaient masquées par les vociférations des soldats, tout autour on entendait : "Los!!, Schnell....
Le 16 juillet 1940, Mulhouse n'est plus française, les forces d'occupation vident la ville de sa dernière population juive.
L'étrange convoi se met en marche et quitte la place de la Réunion, longe la rue Henriette et s'engouffre dans la rue des 3 rois.
A quelques pas de là, se tient la synagogue où les attendent des camions bâchés prêts à les embarquer vers la zone de démarcation.
Un drôle de voyage ne se fait qu'avec 5000 francs en poche et une valise de 30kilos pour seul bagage.
Tous, incrédules face à cette brusque et incroyable décision, anciens combattants, notables, personnalités respectables,... ne sont plus que des numéros que l'on expulse sans explication de leur ville natale.
Derrière les rideaux de la rue des 3 Rois, des regards, volontairement fermés, s'accompagnent d'un silence coupable, personne nesort, ne dit mot.
Entassés comme du bétail, tous, sont poussés sans ménagement dans les véhicules militaires.
La pluie s'arrête, laissant place à un silence de plomb interrompu par le claquement des portières, des bottes, des ordres aboyés par des militaires zèlés.
Les camions démarrent et emportent des âmes qui de l'enfer, ne reviendront jamais.
Les élèves de la classe de TBPL tiennent à préciser que cette nouvelle est une fiction et que la ressemblance existante ou ayant existé serait purement fortuite.